Salve Regina

Le Salve Regina est l'un des cinq antiphonaires consacrés à la Vierge Marie dans la religion catholique : le Magnificat, chant de joie à Marie de l'Annonciation - Mon âme magnifie le Seigneur ; le Stabat Mater, chant de détresse de la Mère au pied de son Fils crucifié - Debout, la Mère de douleur, se tenait en larmes près de la Croix ; le Regina Caeli, chant d'espérance en la résurrection du Fils - Reine du Ciel, réjouissez-vous ; l'Ave Maria, prière des chrétiens à leur Mère - Je vous salue Marie ; le Salve Regina, salutation à la Vierge - Salut, ô Reine de Miséricorde.

Vitrail à la ViergeCette antienne, en premier mode ou mode de ré, est chantée notamment à la fin de l'office de Complies. Sa ligne mélodique se singularise par le grand nombre de disjonctions qu'elle renferme, ainsi que par son ambitus très étendu (une 11ème, du la grave au ré aigu).

Le motif initial descendant qui orne le mot Salve pourrait être la traduction musicale d'un geste de salutation. Quant à son origine, elle remonte au Moyen-Age : plusieurs noms d'auteurs sont avancés, dont aucun ne s'impose avec certifude : entre autres, Hennannus Contractus, à qui on attribue également l'Alma Redemptoris Mater. L'accent de tendresse imprégnant les trois acclamations finales : O Clemens, O pia, O dulcis, serait une adjonction postérieure de Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), fondateur de l'ordre des cisterciens.

C'est au service de la musique vocale que les plus grands compositeurs ont servi ce superbe texte, pour choeur à plusieurs voix ou pour voix solistes, ils ont été nombreux à être inspirés par cette antienne. Citons par ordre chronologique : à la Renaissance, Josquin Des Prez, Ockeghem et Monteverdi ; à l'époque baroque, Scarlatti en Italie et Lully à la cour de Louis XIV ; à l'époque classique, Haydn qui utilisera le choeur pour répondre à la voix de soprano soliste, et son élève Neukomm qui l'harmonisera pour choeur de femmes ; les romantiques se pencheront dès leur plus jeune âge sur cette pièce, Schubert à 17 ans produit une version pour choeur à 4 voix mixtes, et Mendelssohn opte dès 15 ans pour une version pour soliste. Rossini recherche quant à lui la vocalité, au contraire de Liszt qui, un an avant sa mort, accentue le côté spirituel de la prière en confiant au choeur sans accompagnement, la lourde tâche de traduire sa foi. Au XXème siècle enfin, Poulenc donnera son interprétation musicale de ce merveilleux texte.

Le Salve Regina a été maintes fois paraphrasé aussi par les organistes du XVIème siècle pour les besoins du service liturgique. L'emprunt peut se limiter au motif initial comme dans le Tiento du 1er ton d'A.de Cabezon ou le Salve de S. Aguilera de Heredia. Citons également, à l'époque moderne, le Carillon-paraphrase figurant dans l'Office n°35 (Assomption) de l'Orgue mystique de Tournemire, ainsi que les pharaphrases chorales de Falla (Atlantida) et de Langlais (Missa Salve Regina - 1954).

Il existe une autre mélodie du Salve Regina en 5ème mode, quasi syllabique. C'est une composition en plain-chant musical, apparue vers 1600 à l'Oratoire de Paris.

TRADUCTION
Salut à Toi, Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance, salut à Toi. A Toi nous crions, nous, exilés, fils d'Eve. Vers Toi nous soupirons, gémissant et leurrant dans cette vallée de larmes. Ah, notre Avocate, tourne vers nous tes yeux, ces yeux pleins de miséricorde. Et Jésus, fruit de ton sein, fais que nous le contemplions au terme de notre exil. O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie.

Valérie Josse. Sep 2003