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Bernard Tétu

« Suchet keine stärkern Waffe ... Ne cherchez pas d'arme plus puissante ... »

Qu'est-ce ? Un slogan antimilitariste ? Une manifestation pacifiste au Prisme d'Elancourt ? Non, ce sont les membres de l'Ensemble Vocal de Saint-Quentin-en-Yvelines qui chantent le choeur final de l'opéra de chambre Les Conjurées ou la croisade des Dames de Franz Schubert. Aujourd'hui, samedi 19 septembre 2009, nous nous sommes réunis pour une masterclass de chant choral animée par Bernard Tétu, chef de choeur, chef d'orchestre et professeur de direction. Au programme, des motets et Lieder de Schubert, ainsi que quelques extraits de cet opéra de chambre mal connu, que le chef lyonnais et son ensemble Les Solistes de Lyon donneront en concert la semaine suivante au Musée National de Port-Royal des Champs, dans le cadre du Festival d'Ile de France 2009

Bernard TétuNous voilà prêts, dans notre lieu habituel de répétition. Etirements, mise en voix : Valérie Josse, notre chef de choeur, prend le temps de nous échauffer, puis, comme le TGV lyonnais affiche du retard, nous fait reprendre les oeuvres que nous n'avions pas chantées jeudi dernier. Antoine Terny, notre pianiste, nous accompagne. Pour les auditeurs, les traductions des textes allemands sont projetées à l'écran. Entre temps, Bernard Tétu est arrivé et nous écoute chanter, prenant ainsi la mesure du choeur qu'il dirigera tout l'après-midi.

Nous commençons avec lui par les deux choeurs extraits des Conjurées. D'emblée, Bernard Tétu met l'accent sur l'adéquation entre musique et prononciation, soulignant l'importance des syllabes toniques. Il nous met aussi de façon imagée dans la peau de conspirateurs, nous faisant presque murmurer dans les passages piano, augmentant ainsi la compréhension du texte. Le chef nous reprend avec gentillesse, mais fermement, jusqu'à ce que nous reproduisions l'effet désiré.

Bernard Tetu Nous passons au Tantum ergo. Surprise : Schubert a écrit 2 motets différents sur ces paroles et nous n'avons pas préparé la même oeuvre! En souriant, Bernard Tétu avoue que c'est la première fois qu'il est confronté à l'épreuve qu'il fait passer à ses étudiants en fin de cycle : diriger une oeuvre inconnue. Là aussi, il nous demande de ne pas marteler les forte et d'adoucir les pianissimo, tout en ne les relâchant pas. Parfois, il nous fait ralentir, le temps semble en suspens, et l'effet de surprise qui suit est d'autant plus fort. Les Romantiques, contrairement aux musiciens de la période classique, jouent davantage avec les contrastes, même à l'intérieur du rythme. Nous déchiffrerons la partition de l'autre Tantum Ergo après la pause et espérons la travailler plus tard avec Valérie, car cette version est superbe.

Avant d'entreprendre le Lied Nun lasst uns den Leib begraben, Bernard Tétu nous parle de ce qui caractérise le Romantisme : la nature, source de vie et de mort et le Sehnsucht, le rêve d'un paradis perdu. A nouveau, il met le piano en valeur et nous demande d'être à l'écoute de cet instrument qui n'est pas seulement accompagnement. Les voix des chanteurs doivent se répondre les unes aux autres, avec la même intensité, et s'effacer à tour de rôle. Le chef insiste encore sur la prononciation, sur la montée du crescendo, sur la tenue des voyelles finales.

Bernard Tetu Pour finir, nous chantons d'abord avec Valérie, puis avec Bernard Tétu le très beau Lied An die Sonne qui illustre les mêmes thèmes et montre l'émotion d'un homme qui se sait mortel. Le choeur vibre à l'unisson ; le chef lyonnais doit nous quitter, mais nous restons dans la plénitude du travail accompli grâce et avec lui.

Un grand merci à Valérie et au bureau d'avoir organisé cette expérience inoubliable.

Chantal Van der Rest    (Crédits photo : Alain Favard)